D’après la définition « L’on désigne par prairie ou pâturage permanent toute surface dans laquelle l’herbe ou d’autres plantes fourragères herbacées prédominent depuis cinq années révolues ou moins (sixième déclaration PAC ou plus). Sont également reconnues comme des prairies permanentes les landes, parcours et estives, même pour des surfaces adaptées au pâturage (et relevant des pratiques locales établies) dans lesquelles l’herbe et les autres plantes fourragères herbacées ne prédominent pas traditionnellement. » (Ministère de l’agriculture, 2015).
Les pratiques agricoles de fertilisation, de pâturage et de fauche, en font des milieux riches en espèces végétales spontanées en équilibre écologique. Par ailleurs, les prairies permanentes contribuent à nourrir les animaux, préserver les sols, réguler les crues et assurer un rôle de filtre des pollutions, réguler le climat par le stockage du carbone, accueillir les pollinisateurs tout en contribuant à la qualité et à la diversité des paysages, faisant d’elles des milieux essentiels pour la construction de systèmes agroécologiques. Elles présentent des qualités nutritives. (cf : Etude « la valorisation des prairies remarquables du PnrL : un nouveau débouché économique. Clotilde Semler, mémoire de Master FAGE Biologie et Ecologie pour la Forêt, l’Agronomie et l’Environnement – Université de Lorraine – 2015 suivie d’une étude complémentaire d’Anais Muller). Elles sont également utilisées pour la construction de produit sous label AOP (Jean-Pierre Theau, Jean-Philippe Choisis. 2016. Prairie permanente).
Les graphiques suivants indiquent l’évolution des surfaces prairiales dans le secteur du PnrL entre 1989 et 2020 :
Ces graphiques basés sur le RGA montrent une nette diminution de la surface et du pourcentage de la SAU en prairies permanentes entre 1989 et 2020.
Les chiffres ne sont qu’indicatifs et seule la tendance doit être prise en compte. En effet, les surfaces indiquées sont uniquement celles des exploitations dont le siège est situé sur le territoire du Parc, et représentent donc imparfaitement les surfaces réellement présentes sur le territoire.
Les graphiques suivants indiquent l’évolution des surfaces en prairies permanentes et temporaires de 2010 à 2021 à l’échelle du PnrL :
En haut à gauche, le graphe représente l’évolution de la surface en fonction des années. En bas à gauche, le graphe représente l’évolution du pourcentage de la SAU en prairies en fonction des années. Les deux graphes en droite sont les différences avec 2010 en tant qu’année de référence.
On constate une diminution des surfaces en prairies permanentes entre 2010 et 2017 avec une perte de 2610 ha soit 2,3% de la SAU. Cette disparition de prairies est particulièrement marquée entre 2012 à 2015 (environ 73 % de la perte sur cette période de 4 ans). Cette régression des prairies (souvent au profit des céréales) à partir de 2012 peut éventuellement s’expliquer par le cours élevé des céréales et notamment du blé en 2011 et 2012 qui a pu inciter à la mise en culture de certaines parcelles auparavant en prairies.
En 2018 la situation est plus contrastée, les surfaces de prairies permanentes augmentent de plus de 3 % mais celles en prairies temporaires diminuent de 44 %.
De 2019 à 2021, on constate une certaine stabilité dans les surfaces de prairies sur le PNRL, voire une légère augmentation grâce aux prairies temporaires. Les surfaces en prairies permanentes évoluent peu : 29184 ha en 2019 et 29395 ha en 2021.
Ces résultats masquent néanmoins des situations locales très hétérogènes.
Les graphiques suivants indiquent l’évolution des surfaces en prairies permanentes et temporaires de 2010 à 2021 à l’échelle en Zone Est et en Zone Ouest :
On constate déjà quelques différences entre les deux zones du Parc. La surface totale de prairies en Zone Est passe de 15 425 ha en 2010 (soit 47,3 % de la SAU) à 13 419 ha en 2021 (soit 40,9 % de la SAU).
En zone Ouest, la surface totale en prairies est de 19 507 ha en 2010 (soit 25,7 % de la SAU) et de 19 061 ha, soit 24,5% de la SAU, en 2021.
La carte suivante indique la localisation des prairies dans le PnrL, ainsi que l’évolution du pourcentage de surfaces agricoles utilisées en prairies permanentes entre 2015 et 2021 à l’échelle des communes :
Réalisation : PnrL 2022 ; Sources : Parc naturel régional de Lorraine 2022 ; ©IGN BD TOPO® 2021, ©IGN Registre Parcellaire Graphique® 2010 à 2021, Recensement Général Agricole (RGA) 2020.
On distingue de fortes différences sur l’évolution du pourcentage de la SAU totale en prairies permanentes suivant les unités paysagères. La vallée de la Seille, la vallée de la Meuse, les côtes de Bride et les côtes de Meuse – Hauts de Meuse semblent relativement préservées avec un maintien de la surface en prairies permanentes entre 2015 et 2021. A l’inverse, la plaine de la Woëvre, les côtés de Meuse – Front de côte et le Pays de Étangs semblent avoir une régression significative des surfaces en prairies permanentes. C’est notamment le pays des étangs qui semblent le secteur le plus impacté par cette régression.
Trois communes se distinguent sur la carte avec des régressions supérieures à 14 %, les surfaces disparues étant comprises entre 15 et 30 ha. Il s’agit de Vaux, Vaux -les-palameix et Thillot, situées en zone Ouest.
En termes de surfaces absolues, 27 communes ont perdu plus de 10 ha de prairies permanentes entre 2015 et 2021. C’est la commune de Bourdonnay (57) qui détient le triste record avec 60 ha disparus en l’espace de ces 6 ans. Il ne reste plus que 302 ha en 2021, à comparer aux 630 ha déclarés sur la commune en 2010.
A l’inverse, la surfaces en prairies permanentes a augmenté de plus de 10 ha dans plus de 44 communes. Les plus fortes augmentations concernent les communes de Wuisse et de Réchicourt-le-Château.
En analysant les données RGA et RPG, on constate qu’entre 1989 et 2021 les surfaces en prairies permanentes ont fortement diminué, en particulier entre 1989 et 2010. La tendance semble ralentir ces dernières années voire se stabiliser, mais reste très forte dans certains secteurs.
Cette forte diminution au cours de ces trois dernières décennies a induit un fort impact sur les espèces végétales et animales liées aux prairies permanentes (râle des genêts, busards, courlis cendrés, damier de la Succise, cuivré des marais, orchidées…) mais également sur d’autres services environnementaux tels que le stockage de carbone.
Parc Naturel Régional de Lorraine
1 rue du Quai
CS 80 035
54 702 Pont-à-Mousson Cedex